Les pieds de la jeune femme parcouraient délicatement le parquet de la bibliothèque. Pas un seul bruit ne provenait de la pièce. Les doigts de la jeune femme parcouraient avec délicatesse le dos des livres rangés dans les grandes étagères, jusqu’à s’arrêter sur l’un d’entre eux. Rapidement, la jolie brune le sortit de sa place et l’ouvrit pour parcourir les premières lignes. Un sourire se dessina sur son visage en constatant qu’il s’agissait bel et bien du livre qu’elle avait cherché. Il s’agissait d’un œuvre relatant l’histoire de la magie, et qui aurait été écrit par le grand Merlin lui-même. Une œuvre fort rare, sur laquelle elle n’avait jamais pu poser la main dessus, mis à part maintenant. La bibliothèque à Collinstown avait beau avoir été bien fournie, mais celle à Nottingham semblait bien la surpasser. Pendant les quelques jours qu’elle avait passé ici, la jeune femme avait déjà trouvé plusieurs ouvrages rares qu’elle avait voulu lire depuis longtemps, de quoi la dédommager pour ce mariage. Non, rien ne pouvait sans doute la dédommager. Elle s’était mariée à l’âge avancé de 26ans, vieille fille si l’on puisse dire. Pendant toute sa vie, elle avait eu de nombreux prétendants, mais aucun d’entre eux n’avait paru assez bon pour elle aux yeux de son père, et la jeune femme avait été heureuse que cette coupe ait passée à côté d’elle. Alors quand son père lui avait raconté qu’il avait enfin trouvé un homme digne de sa fille chérie, elle ne s’était pas imaginée à quelqu’un de la sorte… Qu’est-ce qui avait bien pu se passer dans la tête de son père pour qu’il décide de la marier à un homme pareil, un homme au lignage souillé, vu que la mère de son époux avait été une née-moldu ? La jeune femme soupira en y pensant. De toute manière, elle ne saurait certainement jamais la réponse, si bien qu’elle préféra largement reporter son attention sur le livre qu’elle tenait en main. Du revers de sa manche, elle enleva la poussière qui s’était accumulé sur l’enveloppe, soupirant une fois de plus, cette fois devant la négligence des serviteurs. Autant dire que c’était bien quelque chose qui ne serait jamais arrivé à la demeure des Lockharts ! Cela faisait quelques jours qu’elle était arrivée ici, et en tant que dame de maison, elle allait donc devoir commencer à prendre en main, et en particulier à mener les domestiques d’une main de fer, puisque dans le cas contraire ils ne semblaient pas en mesure de faire correctement leur travail. Elle allait leur en toucher quelques mots, mais pour l’instant, elle préférait tout de même se concentrer sur le livre. C’est donc avec les yeux rivés sur cet ouvrage magnifiquement décoré que la jeune femme sortit de la bibliothèque, dans l’optique de retrouver sa chambre. Mais à peine avait-elle fait quelques pas quand elle heurta quelque chose d’à la fois dur et moue. Quelque chose de bas. Quelqu’un était baissé, ou plutôt accroupi. La jeune femme se rattrapa de justesse, un peu plus, et elle serait sans doute tombée. Désireuse de voir qui lui avait barré le chemin, et prête à lui adresser quelques mots peu sympathiques, la jeune femme se releva la tête pour rapidement ravaler ce qu’elle avait eu l’intention de dire. Face à elle ne se trouvait personne d’autre que son époux. « Eivind. Quelle surprise de vous voir enfin. » Il était le maître des lieux, le croiser dans un des couloirs n’avait donc rien de vraiment étonnant… Sauf que durant les jours qui s’étaient écoulés depuis leur mariage, elle ne l’avait vu que lors des repas, comme s’il tentait de l’éviter…

Spoiler:

Pendant des années, Melyana avait réussi à repousser son mariage, si bien que lorsque ce jour était arrivé, elle avait déjà été vieille fille si l’on puisse dire. Pourtant, le fait que son père ne semblait pas trouver d’homme qu’il jugeait digne d’épouser sa fille-chérie avait toujours arrangé la jeune femme. La vie qu’elle avait pu mener à Collinstown lui a toujours plu, et elle n’avait rien voulu changer cela. Elle avait toujours été consciente que plus jamais elle n’aurait autant de libertés comme elle avait pu les avoir dans la maison de son père. Non, aux yeux de Melyana, un mariage était comme se faire enfermer dans une cage. Une cage dorée dans le meilleur des cas, mais une cage tout de même. Sans doute que sur ce point, elle ne pensait pas comme une grande partie de ses contemporains. Pour elle, se marier n’avait jamais été le but ultime à atteindre. Au contraire, si elle avait pu rester célibataire, cela ne l’aurait certainement pas dérangée. Mais elle avait également conscience que les convenances l’empêchaient de se rebeller ouvertement contre sa famille en refusant ce mariage, et c’était bien l’unique raison pour laquelle elle se trouvait désormais à Nottingham. Tenter de persuader son frère d’empêcher ce mariage était une chose, mais elle n’avait pas réussi à atteindre quoique ce soit. Et même si un bon nombre des personnes vivant au château semblaient voir en elle une sorte d’invitée gênante, elle savait aussi que cela aurait certainement pu être pire. Son mari semblait ne lui porter aucun intérêt – non, rectification, il ne lui portait aucun intérêt et n’était pas pour le moins intéressé par ce que son épouse pouvait bien faire de ses journées – si bien qu’elle jouissait tout de même d’une certaine liberté. D’ailleurs, la jeune femme se demandait bien pourquoi Eivind avait consenti à ce mariage. Bien sûr, cette alliance lui apportait des richesses puisque la dote de Melyana n’avait pas été des moindres. Et en général, il ne fallait pas beaucoup plus pour conclure un mariage, qui n’était finalement qu’une sorte de transaction d’argent. Sauf qu’à vrai dire, la jeune femme avait tout de même espéré plus. Elle n’attendait pas le grand amour, mais un peu d’attention de la part de son époux n’aurait pas été désagréable. Quoique, venant d’un sang-mêlé… Peut-être que c’était mieux comme ça. Dire que Melyana avait toujours été fière de la pureté de son sang, et voilà qu’elle se retrouvait mariée à un homme avec des origines moldu… Sans parler du fait que sa belle-mère, cette née-moldue, vivait toujours au château… Cette liaison était donc bien en dessous du niveau de la jolie brune, du moins, c’était son avis sur la chose, sauf que bien évidemment, cela n’intéressait personne d’autre.
En tout cas, maintenant qu’elle se trouvait face à son époux, la jeune femme se montrait quelque peu ironique. Surprise de le voir ? Oui, dans le sens où il avait tendance à l’éviter. Elle faisait donc référence au fait qu’il ne semblait pas avoir pris assez de précautions cette fois pour être arrivé à cette situation. Elle allait répondre sur un ton ironique pour lui demander s’il avait assez de jouer au cache-cache, ou si tout simplement il avait commis une erreur en empruntant le couloir. D’ailleurs elle avait déjà ouvert la bouche quand son regard se posa sur le pendentif de son époux. Ce loup… Elle le connaissait, il n’y avait pas de doutes possibles… Mais comment avait-il mis la main sur cet objet ? Pendant quelques instants, elle resta immobile, le regard rivé sur la poitrine de son époux où pendouillait toujours le bijou. Elle était tellement fixé sur le loup qu’elle ignora la question du jeune homme. D’un geste machinal, la main de la jeune femme se posa sur sa baguette qu’elle avait glissé sous sa ceinture. « Qu’est-ce que tu as fait à l’homme qui portait ce bijou avant toi ? » La voix de la jeune femme était glaciale. Elle était persuadée de se trouver face au meurtrier de son ami d’enfance, et autant dire que cela lui coûtait de d’abord poser des questions avant de lancer un sortilège…

Ce pendentif n'avait certainement rien de spécial. Et même si on arrivait clairement à distinguer qu’il devait s’agir d’un loup, il n’était certainement pas assez précieux pour orner le coup d’un seigneur. À l’époque où elle le lui avait offert, il lui avait paru dépenser une fortune pour ce bijou. Aujourd’hui, elle rigolerait certainement devait la somme qu’elle avait dépensé ce jour de marché où elle l’avait acheté. Une simple lanière de cuir était tenait le pendentif en place, et sans doute qu’au cours des années, celle-ci avait dû être remplacée. Ce bijou n’était donc pas vraiment d’une grande valeur, du moins si l’on regardait uniquement le côté financier. L’important, c’était finalement ce qu’il était censé représenter. La promesse qui avait été faite en même temps que l’échange de bijoux. Pendant un bref instant, la jeune femme songea à son bracelet qui se trouvait toujours dans sa boite à bijoux. Même si bien des années avaient passées depuis qu’elle l’avait reçu de la part de son ami d’enfance, elle n’avait jamais eu le cœur à le jeter. Lorsqu’il n’était plus revenu, elle avait uniquement cessé de le porter. Bien des fois, elle avait songé le jeter, après tout, à quoi bon garder le gage d’une promesse lorsque celle-ci avait été rompue ? Mais si elle n’avait jamais eu le cœur à le faire, c’était tout simplement parce qu’elle n’avait pas vraiment réussi à oublier ce petit garçon brun même si elle aimait se persuader du contraire. La simple vue de cet objet qui pouvait paraitre si banal aux yeux de bien des gens suffisait pour la replonger dans une époque passée. Elle ne se souvenait que trop bien de leurs rencontres au pied du vieux chêne, comme ils avaient pu passer de longs moments les têtes penchées au-dessus d’un seul livre, ou qu’ils jouaient dans les champs. Cela avaient été des moments simples, mais précieux. Et même par la suite, la jeune femme était souvent retourné au vieux chêne, non pas parce qu’elle continuait à attendre son ami, mais tout simplement parce que celui-ci était devenu son lieu de refuge.
Doucement, la jeune femme reconnecta avec la réalité. Pendant un très bref instant, elle réfléchit aux paroles de son époux. Lui, son ami d’enfance ? Non, c’était tout bonnement impossible. Le petit garçon de l’époque n’avait pas été issu d’une famille importante, non, il vivait sur les routes. Il aurait certainement bien rit si on l’aurait confondu avec l’héritier du domaine de Nottingham. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi, mais elle était persuadée que son mari lui mentait. La croyait.il vraiment aussi stupide pour lui croire ça ? Ou était-ce une manière de tenter de découvrir ce qui avait bien pu unir son épouse à l’ancien propriétaire de ce bijou ? Enfin, cela n’expliquait pas vraiment pourquoi un Carrow porterait un pendentif ayant si peu de valeur… Une sorte de trophée peut-être qu’il aurait pris à son ennemi après l’avoir battu ? Eh bien, elle n’allait sans doute pas tarder à le savoir. « Est-ce tout ce que vous pouvez dire ? Celui qui le portait avant vous n’avait rien d’un seigneur. » En disant cela, elle ne voulait pas rabaisser son ami d’enfance, bien que sa voix froide pouvait le laisser penser. Non, elle voulait seulement faire remarquer que cet adolescent n’avait finalement rien en commun avec l’homme qui se trouvait désormais face à elle. Elle le regardait reculer de quelques pas, tandis que ses doigts étaient toujours posés autour de sa baguette. Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle ferait si elle venait à apprendre qu’elle se trouvait vraiment en face du meurtrier de son ami, du seul ami véritable qu’elle avait eu durant son enfance. Cependant, la réponse de l’homme réussit à la faire douter. Comment pouvait-il savoir qu’ils s’étaient promis de se retrouver chaque été ? Cela ne pouvait pas être une coïncidence, si ? « Si vous êtes vraiment celui que vous prétendez être, je suis certaine que vous pourrez me dire la forme du pendentif que vous m’avez offert en retour ? » La voix de la jeune femme était moins sûre d’elle sur ce coup, preuve comme quoi elle commençait à douter, à accorder ne serait-ce qu’une once de vérité à la version de son époux. Mais cette question était évidemment une question piège. Jamais l’adolescent de l’époque ne lui avait offert un pendentif, mais seul le véritable Eivind pouvait savoir ce détail… En tout cas, lorsqu’il tenta d’expliquer l’histoire, un rire moqueur sorti de la gorge de la jeune femme. Même si pendant un bref instant, elle avait douté sur le fait si oui ou non, Eivind disait la vérité, son explication lui semblait tout simplement trop… étrange pour pouvoir correspondre à la réalité. « Souhaitez-vous sincèrement me faire croire qu’un Carrow quitterait Nottingham pour aller vivre sur les routes… qui de plus est de plein gré ? » N’avait-il donc aucune fierté pour pouvoir une histoire aussi invraisemblable ? Pourquoi devait-elle être mariée à un homme qui visiblement n'avait rien à faire de la bonne reputation de sa famille ?!

« Voila qui est plaisant à attendre" D'une mine indéchiffrable, la jeune femme se contentait d'observer son époux. S'il pensait qu'elle s'excuserait pour ses paroles, il pouvait attendre bien longtemps. Non, celles-ci venaient du fond du coeur, et elles correspondaient à la verité, alors tant pis si elles ne lui plaisaient pas. Surtout qu'elle ne l'avait pas dit dans le but de blesser, cela avait été un simple constat. Si elle aurait voulu se montrer blessante, elle l'aurait certainement fait, même si finalement Melyana n'avait pas la faculté de sa soeur Perriane de mettre son doigt là où ca faisait le plus mal. En tout cas, Eivind avait réussi à la faire douter, à faire en sorte qu'elle se demandait ce qui serait s'il était vraiment son ami d'enfance. Voilà bien pourquoi elle avait décidé de le tester afin de pouvoir en être sûre. Personne d'autre que son ami d'enfance ne pouvait savoir la réponse à cette question, tout simplement parce que Melyana avait toujours pris soin de cacher l'existence du bracelet, et encore plus du garcon qui lui l'avait offert. Jamais son père n'aurait toléré qu'elle voie une sang mêlé qui de plus vivait sur les routes, ce qui avait poussé la jeune femme à garder cette amitié secrète. C'était donc quelques peu ironique qu'une dizaine d'années plus tard, elle se retrouvait mariée à justement cet homme, car cela semblait bien être lui. Le regard de la jolie brune était posé sur son époux, tentant de retrouver dans son visage des traits du garcon qu'elle avait impatiemment attendu chaque été. Sauf qu'il n'avait plus rien de l'adolescent chetif qu'il n'avait été à l'époque."Saviez-vous donc depuis le début qui j'étais ?" Après tout, il venait de dire à la jeune femme qu'elle pouvait lui poser n'importe quelle question, mais voilà bien les seules dont les réponses l'intéressaient, puisque cela ne semblait tout simplement pas correspondre à ce qu'aurait fait son ami d'enfance. N'aurait-il pas du être heureux de la revoir au lieu de passer son temps à tenter de l'éviter ? Ou la jugeait-il décevante ? A vrai dire, elle était bien incapable de s'expliquer son comportement, peu importe dans quelle sens elle le tournait, les réponses qu'elle avait n'étaient pas satisfaisantes, si bien qu'elle espérait que celles qu'il pourrait lui donner le seraient d'avantage. Enfin, si cet homme était vraiment son amour d'enfance... Il ne semblait pas vraiment y avoir des doutes à ce sujet, pourtant, elle avait encore du mal à l'accepter puisque pour le moment, elle ne retrouvait rien en lui qui lui rappelait le petit garcon de l'époque, que ce soit dans son physique ou encore dans son caractère. S'il était vraiment celui qu'il prétendait être, alors il avait beaucoup changé. En soit, ce n'était certainement pas étonnant puisque bien des années s'étaient écoulées depuis leur dernière rencontre, et pourtant, Melyana ne put pas s'empêcher de se sentir décue. "Pourquoi ne m'avez vous donc rien dit ? Pourquoi avez-vous préféré me laisser croire que j'ai été contrainte à épouser un parfait étranger ?"